La vitamine C : s’y retrouver!
Un article de Gilles DONGUY
La Vitamine C est un sujet qui fait couler beaucoup d’encre, voire qui déchaine les passions! Selon certains, au grand damne d’autres, sa forme synthétique est aussi efficace que la forme naturelle. D’aucuns proposent de la prendre à des doses bien supérieures aux ANC… De quoi y perdre son latin! Voici quelques points de repère pour y voir plus clair!
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Vitamine C
Cette substance (de formule chimique C6H8O6) est proche chimiquement de la molécule de glucose, et fait partie des vitamines hydrosolubles, au même titre que les vitamines du groupe B. Cela veut dire que non seulement nous sommes incapables de la synthétiser (nous partageons cette « lacune » avec d’autres primates supérieurs, les cobayes et certaines chauves-souris : les autres vertébrés et à fortiori mammifères la synthétisant allègrement à partir…du glucose!), mais de plus elle ne peut être mise en réserve dans l’organisme (elle se concentre cela dit notamment dans le Foie, le Cerveau, les Corticosurrénales, et les gencives) : tout excès est éliminé via les urines.
Son nom scientifique est « Acide Ascorbique », et plus précisément Acide L-Ascorbique…et encore plus précisément Acide L (+) Ascorbique! Et c’est là que les choses se gâtent…
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Des confusions compréhensibles!
Il va maintenant falloir être très attentif! D’aucuns, via leurs ouvrages ou leur site internet, décrètent sans complexe que le « L » d’ Acide L ascorbique signifie « LEVOGYRE » : or c’est totalement faux! Il y a une confusion entre la notion de configuration spatiale d’une molécule (cela fait référence à la notion de « Chiralité ») et le « Pouvoir rotatoire » d’une molécule sur la lumière polarisée. Cela dit il y a un lien entre les deux en ce sens que les molécules chirales peuvent dévier la lumière polarisée, nous y reviendrons.
Reprenons. Les substances chimiques sont référencées, à l’échelle internationale, par un n° unique, un identifiant en quelque sorte, qui est le n° CAS : Chemical Abstract Services, sous l’égide de l’American Chemical Society. Ces identifiants uniques sont référencés dans une base de données (plus de 30 millions de références!) : le Chemical Substance Index. Le n° CAS de la Vitamine C, telle qu’on la trouve dans l’Acérola, le Kiwi et autres fruits, agrumes ou légumes, autrement dit l’Acide L-Ascorbique est : 50-81-7. Pour voir la fiche détaillée, sur le portail substances chimique de l’ INERIS par exemple, cliquer ici.
Ces présentations étant faites, voyons maintenant de plus près la notion de chiralité.
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Une histoire de gants!
Un objet, et à fortiori une molécule, est dit chiral si il n’est pas superposable à son image dans un miroir. Ainsi vos mains sont chirales : vous ne pouvez pas les superposer (ou les empiler parfaitement !) l’une sur l’autre, et le gant pour la main droite ne convient pas à la main gauche! (et inversement…)
Vous me voyez venir… bien entendu la vitamine C est une molécule chirale (comme bien d’autres molécules organiques, les acides aminés par exemple), et les deux formes stéréoisomères (il y a en fait quatre isomères, deux pour l’acide ascorbique, et deux pour l’acide isoascorbique…) qui en découlent sont appelées dans ce contexte « énantiomères ». On distingue ainsi :
- L’Acide L – Ascorbique (n° CAS : 50-81-7)
- L’Acide D – Ascorbique (n° CAS : 10504-35-5)
Acide L – Ascorbique Acide D – Ascorbique
(D’après WIKIPEDIA)
En lien avec l’asymétrie de deux atomes de carbone, le L ou le D renvoie ici à une notion de modalités de conformation spatiale (R pour Rectus et S pour Sinister) de la molécule et non à la notion de Lévogyre ou Dextrogyre (malheureux hasard des initiales de noms et des lettres, d’où les confusions et autres raccourcis hâtifs… !)
Et il se trouve que les êtres vivants n’ exploitent utilement que la forme L de la vitamine C, donc l’Acide L – Ascorbique (on parle alors d’homochiralité).
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Et la lumière fut…déviée!
Certaines molécules (dont les chirales!) dévient la lumière polarisée à droite ou à gauche, d’un certain angle : si la lumière est déviée à droite, on affecte au nom de la molécule (qui est donc Dextrogyre) le signe + (plus), sinon (elle est alors Lévogyre) on lui affecte le signe – (moins). C’est la propriété de « pouvoir rotatoire ».
Et devinez-quoi? L’Acide L-Ascorbique est Dextrogyre, il dévie la lumière à droite d’un angle d’environ 21 degrés.
Et nous avons donc la formule ultime, la vraie , celle qui ne souffre aucune discussion, de la vitamine C naturelle utilisée par les êtres vivants : l’Acide L (+) Ascorbique.
NOTONS d’ores et déjà qu’il n »y a pas de relation systématique entre une forme L et le pouvoir rotatoire Lévogyre : ainsi la Vitamine C est de Chiralité L mais de pouvoir rotatoire Dextrogyre! (c’est de la chimie organique, ni plus ni moins!)
MAIS ATTENTION: dans certains textes de certains auteurs on trouvera l’expression « (d) » (petit d) accolé au nom de la molécule, dans le sens de dextrogyre, et bien sûr alors « (l) » pour lévogyre!
Ainsi l’Acide L (+) Ascorbique pourrait s’écrire Acide L (d) Ascorbique! Autant dire que les auteurs qui se contentent d’écrire Acide L-Ascorbique (ou Acide (l) ascorbique) prêtent le flanc à la confusion : voyons, cet auteur avec son « L » parle t-il de Chiralité ou de Pouvoir rotatoire ???
Donc si l’on veut être puriste et sans ambiguité, le formule idéale, je le répète est « ACIDE L (+) Ascorbique, ce qui signifie Vitamine C de Chiralité L, au Pouvoir rotatoire Dextrogyre.
Ouf!
Aussi, dans la suite de ce texte, nous utiliserons pour simplifier le terme « Vitamine C » pour faire référence à l’Acide L (+ ) Ascorbique.
Cela dit, d’autre molécules nutritionelles sont Chirales, comme des acides aminés et des sucres. Ainsi la TYROSINE, celle qui nous convient, est en fait la L-TYROSINE. Dans une thèse de Chimie portant sur les protéines, on peut justement lire:
« Dans les protéines les acides aminés appartiennent à la série L, ce qui ne préjuge pas de leur pouvoir rotatoire d ou l. » (NB: de même tous les sucres sont de Chiralité D!)
Où l’on retrouve la possible confusions entre les significations de « L » (Grand L) au sens de Chiralité et « l » ou « d » (petit l ou d) au sens de Pouvoir rotatoire!
Notons au passage que la cuisson au micro-ondes à tendance à modifier la chiralité des acides aminés et des sucres, ce qui les rend inassimilables par notre organisme…
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Vitamine C : pas seulement anti scorbut!
Bien sûr la Vitamine C prévient le scorbut, cette terrible maladie qui provoque des hémorragies (gencives notamment) et qui sévissait chez les marins jusqu’au 18ème siècle. Mais la vitamine C, c’est bien plus que cela, eut égard à son rôle essentiel pour la biosynthèse du collagène. Citons pêle-mêle, liste non exhaustive :
- Rôle antioxydant
- Recyclage de la Vitamine E
- Amélioration de l’assimilation du Fer non héminique (végétal)
- Cofacteur enzymatique pour la synthèse de la noradrénaline
- Prévention des maladies cardiovasculaires (intégrité de la paroi endothéliale)
- Prévention de la cataracte
- Renforcement du système immunitaire
Heureusement pour nous, la vitamine C est relativement disponible dans l’alimentation, mais attention, elle s’oxyde facilement à l’air, elle est sensible à la lumière, à la chaleur, aux U.V et.. à la congélation! Il faut donc miser sur une alimentation Bio et fraiche le plus souvent possible pour se l’approprier en quantité suffisante….
Un certain Linus Pauling l’a élevé au pinacle, en préconisant (y compris pour lui-même) la prise de doses (1 à 4 g par jour voir plus) bien au-delà des ANC en vigueur! Mais justement, avant d’aborder ces notions de doses, voyons ce qu’il en est de la forme naturelle et de la forme synthétique…
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Quif quif!
Et bien oui, la vitamine C de synthèse (la première technique fut mise au point en 1933, à partir du glucose lui même issu d’amidon de blé ou de maïs) est strictement identique (ce n’est pas le cas d’autres molécules, comme les vitamines E par exemple…) à la forme naturelle : c’est de l’Acide L- Ascorbique. On dit alors qu’il s’agit d’une molécule de synthèse bioidentique. Et donc, au risque de vous choquer (!), cette forme de synthèse est utilisée par l’organisme de la même façon que la forme naturelle (même biodisponibilité selon une étude néo-zélandaise parue dans Nutrients).
Mais… La vitamine C naturelle (des fruits ou d’un comprimé d’Acérola) est accompagnée d’autres substances utiles, notamment des flavonoïdes, comme la Rutine (c’est la notion de vitamine P ou encore C2). Ne serait-ce que pour cette raison, du point de vue de la naturopathie la forme naturelle est à privilégier…
Petite parenthèse, cela nous renvoie à mon article introductif sur les compléments alimentaires. Ainsi, certains laboratoires ou distributeurs privilégient les compléments alimentaires d’origine naturelle, c’est le cas par exemple de la bien nommée boutique ACEROLA :
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Un mélange racémique ?
Revenons à la vitamine C de synthèse. Les processus de synthèse de ce genre de molécules sont susceptibles d’aboutir à un mélange racémique, c’est à dire en l’occurrence un mélange d’ Acide L et D ascorbique. Sommes nous certains qu’un pot d’acide L-Ascorbique ne contient pas en mélange de l’Acide D-Ascorbique non assimilable ? Le fournisseur ALIMED © revendique ainsi la pureté de son produit « Vitamine C pure en poudre d’origine végétale »:
Vitamine C d’origine végétale obtenue à partir de maïs non ogm, non ionisé, non irradié, grâce à deux étapes de fermentation (sans utilisation d’acétone)
Un autre fournisseur, NUTRIVITA ©, précise, certificat d’analyse à l’appui:
Ingrédients : 100% vitamine C pure en poudre d’origine végétale – Acide L(+) ascorbique (dextrogyre) MESH 100. CAS 50-81-7 / E300
A priori, dans les deux cas, il semble que les processus de fermentation utilisés permettent d’obtenir uniquement la forme L-Ascorbique…Mais est-ce la cas pour la Vitamine C de synthèse (genre Vitamine C UPSA ©) que l’on trouve en pharmacie, voir dans les grandes surfaces? Cela reste à vérifier…!
Cela dit la vitamine C de synthèse est relativement facile à produire, et permet donc de réaliser des comprimés ou des poudres fortement dosés à moindre coût… Faut-il donc être puriste en la matière ?
Certains labos proposent de la vitamine C de synthèse, associée à des flavonoïdes d’origine naturelle…pourquoi pas, c’est toujours mieux que de la vitamine C de synthèse pure! Encore que l’on peut revendiquer de prendre cette dernière au milieu d’un repas riche en fruits et légumes apportant donc d’autres substances dont des flavonoïdes.
Néanmoins, pour des doses physiologiques, les formes à privilégier par ordre décroissant d’intérêt sont, d’un point de vue Naturopathique, les suivantes :
Ingrédients naturels (alimentation) > comprimés Acérola > comprimés VIT C synthèse + flavonoïdes > VIT C de synthèse seule.
Ce qui nous amène à la question des ANC et des doses de Vitamince C dans les compléments alimentaires.
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L’important… c’est la dose l’important…
Au-delà de 10 mg par jour d’apport de vitamine C, on prévient le scorbut…l’ANC officiel se situe entre 80 et 120 mg par jour. Les nutritionnistes (Cf. mon D.U Alimentation Santé et Micronutrition) conseillent jusqu’à 200 mg par jour. Il ne semble pas y avoir d’effets indésirables jusqu’ à 1 gramme par jour (sauf à souffrir d’insuffisance rénale) et au-delà il y a risques de lithiases rénales, mais on considère qu’à partir de 500 mg/ jour, on est dans le registre du médicament (cas où les besoins sont augmentés : problème de cicatrisation, anémies liées à un manque de Fer, mais aussi tabagisme, pilule contraceptive), et non du complément alimentaire!
Le cas extrême de l’approche médicamenteuse (obligatoirement sous contrôle médical) est l’injection à très haute dose (25 à 50 grammes!) de vitamine C par voie intraveineuse, qui aurait un effet pro-oxydant sur les cellules cancéreuses (et donc une action anticancer), mais cette approche reste controversée…
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Alors, comment s’approvisionner en vitamine C ?
Il est clair que pour des hautes doses (un gramme et plus), il n’est pas évident de passer par la forme d’origine naturelle (problèmes de coûts, de concentration des ingrédients en vitamine C). Mais nous nous intéressons ici au contexte physiologique, et le cas échéant à l’approche complément alimentaire (et non médicamenteuse).
Tout commence bien sûr par l’alimentation, et c’est essentiellement dans les végétaux (si possible frais et bio, cela va de soi!) que l’on retrouver la vitamine C en quantité notable : persil, kiwis, agrumes par exemple. Coté compléments alimentaires naturels, on retrouve bien sûr l’incontournable Acérola.
Nous privilégions donc, pour des doses physiologiques inférieures à 500 mg par jour, des comprimés à base d’Acérola… Mais attention, il faut tenir compte aussi des excipients et additifs, ces derniers doivent être entièrement naturels (Eviter si possible les aspartame, stéarate de magnésium et Cie, surtout si plusieurs de ces substances sont associées!). Le produit « ACEROLA 1000 » du laboratoire DIETORAMA © par exemple, est entièrement naturel et de plus Bio :
Chaque comprimé contient 1000 mg de poudre d’Acérola, soit 170 mg de vitamine C naturelle (Acide L(+) Ascorbique bien sûr!). Un comprimé couvre largement le besoins journaliers selon l’ANC en vigueur, mais si nécessaire on peut monter à 2 comprimés.
Et contrairement à une idée reçue, la prise de vitamine C naturelle le soir n’empêche pas de dormir!
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Gilles DONGUY
Quelles sont vos remarques et observations ?
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